Les Cruchons
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Cravates chemises et cols roulés
Ils avaient l'air un peu guindés
En rang d'oignon comme à l'école
Ils venaient goûter des alcools.
 
Ce ne fut pas du vin de messe
Qui provoqua leur allégresse
Car c'est la fête dans les cruchons
Dès que sautent les premiers bouchons.
 
Allez marchand d'eau
Fait passer la bouteille
N'y mets pas de l'eau
Mais du jus de la treille.
 
L'avait d’la cuisse l'avait d’la jambe
Ils lui trouvaient une couleur ambre
Un goût de cuir de feuille morte
Ou de champignon peu importe.
 
Comme le vin pleure sur le verre
La langue sur le palais demeure
Quand c'est la fête dans les cruchons
L'œil aussi lorgne les bouchons.
 
Allez marchand d'eau
Fait passer la bouteille
N'y mets pas de l'eau
Mais du jus de la treille.
 
Ils ont caressé les bouteilles
Pour en faire jaillir des soleils
Lorsque le vin est élégant
Le cœur n'est pas indifférent.
 
Puis quand ils eurent bu un peu plus
Ils en appelèrent à Bacchus
Dont c'est la fête dans les cruchons
Dès que sautent les premiers bouchons.
 
Allez marchand d'eau
Fait passer la bouteille
N'y mets pas de l'eau
Mais du jus de la treille.
 
A celle qui m'aura donné
Au goulot le premier baiser
Je veux encore dire: "Je t'aime"
En oubliant tous les carêmes.
 
Et si du cœur la peine remonte
En souvenir d'une jolie blonde
Que vienne la fête dans les cruchons
Et que sautent les premiers bouchons.
 
Allez marchand d'eau
Fait passer la bouteille
N'y mets pas de l'eau

Mais du jus de la treille.

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(c) copyright François Bonneau (2021)
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